[Memoires] Gograne

De retour des plaines gelées des Monts Brumeux, Gograne rentra d’un pas lent et fatigué dans la demeure du Covenant après une longue chevauchée qui lui avait fait traverser une bonne partie de la Terre du Milieu.

Il avait eu la chance de pouvoir suivre tout le long de sa dure route une caravane de marchands, ce qui lui avait évité une chevauchée dangereuse à travers des pays et des régions où la situation pouvait changer en quelques secondes.

Gograne passa les portes de la demeure et s’avança vers le salon pour y prendre du repos et faire un rapide rapport écrit sur son livre.

Quand il arriva dans le salon, il détacha sa lourde armure qui commençait à accuser de sérieux coups, la posa sur un support prévu à cet effet et, s’installant à un bureau de bois, il commença à écrire.


<< Je pris la route des monts Brumeux sur la demande d’un responsable de la caserne pour faire le point sur la situation dans les Monts Brumeux, prêter main forte au seigneur Gloin qui tentait de tenir sa position afin d’assurer la protection de ses terres et d’endiguer l’avancée des Gobelins et d’autres serviteurs de l’Ennemi commun à toutes les peuplades de la Terre du Milieu.

Je partis donc sur la route avec un convoi de vivres et d’hommes en direction de ces terres maudites. L’ambiance chaleureuse pendant le voyage est traditionnelle chez les nains, les chants se succèdent pour nous faire passer le temps, les campements sont festifs et joyeux, et nous ne nous éloignons pas des grands chemins et nous passons par des grandes villes pour être sûrs que le voyage soit le plus reposant et le plus sûr possible. Tout au long de notre route qui dura plusieurs jours, je remarquai que plus nous nous approchions de notre destination, plus l’ambiance et l’atmosphère s’alourdissaient. Nous étions tous plus attentifs aux bruits, aux détails sur les chemins, aux pièges et autres fourberies … Nous le savions, nous étions attendus et notre voyage n’avait surement pas dû être gardé secret.

Une fois la Trouée des Trolls passée, nous arrivâmes en vue de la ville des Elfes, Fondcombe. Nous avions reçu l’ordre de ne pas laisser libre court à notre verve légendaire envers les Elfes *chose qui s’avère difficile quand vous traversez une ville remplie de mangeurs de salade et de jus de baies diverses… enfin, bon passons*. Nous traversâmes la ville en évitant de trop narguer nos alliés et nous ne nous doutions pas encore que c’est grâce à nous que la ville des Elfes existait encore.

Nous arrivâmes enfin à destination. Nous déchargeâmes les provisions diverses et variées et je me présentai au seigneur Gloin. Ma surprise commença dès ses premiers mots : il fallait que je retourne me présenter au seigneur des Elfes Elrond ….. Je protestai à mon habitude mais la discussion tourna court, on ne discute pas les ordres d’un seigneur tel que Gloin.

Une fois devant le seigneur Elrond, je tombai de haut ! Un Elfe, qui plus est un seigneur, remercier le peuple nain de son aide !!! … Après ça, cela va être dur de les provoquer comme j’en avais pris l’habitude, je fus même convié à dormir dans la ville des Elfes pour me reposer de mon long voyage. J’acceptai leur offre, une nuit au chaud et en sécurité n’a pas de prix tant je sais la tâche qui m’attend …. La nuit fut à la fois bonne et bizarre, je n’ai jamais eu peur de partir batailler pour la gloire ou tout simplement le plaisir, mais là je sentais que quelque chose me tourmentait, cette fois-ci je ne devais non pas combattre, mais faire du repérage… *un comble pour moi qui ne suis pas capable de me déplacer sans faire de bruit et qui serai capable de réveiller une taverne*.

Au matin, je repris la route du camp du seigneur Gloïn et pris connaissance de la tâche qui m’attendait. Dans ces terres nous luttons contre deux ennemis de toujours : les Gobelins et les traitres de Poings Bourrus qui se sont refugiés dans une ancienne place forte naine, Gabilazan, loin au sud et qui plus est, des hommes au nord des sources de la Bruinen, serviteurs de l’anneau maudit, menaçant directement notre camp et Fondcombe. Autant dire que la situation et compliquée en ce lieu maudit et oubliée de tous. J’ai eu la chance de pouvoir être accompagné de quelques braves combattants nains pour nous permettre d’atteindre nos objectifs, mais nous le savons, ici la moindre faute et c’est la mort assurée …

Notre première tâche fut de ravitailler le post avancé qui surveille les terres tenues par les Gobelins et où se trouve leur ville principale … Nous avons donc pris la route dans les plus brefs délais, le pas assuré mais prudent. Les bêtes sauvages étant légion, nous savions qu’il nous faudrait traverser un premier territoire tenu par l’ennemi. Nous passâmes un premier col de montagne au-delà des sources nord de la Bruinen dans la plus grande prudence et surtout de nuit pour ne pas être repérés de trop loin par l’ennemi. Mais c’était sans compter sur les hommes du nord qui nous tombèrent dessus, heureusement en sous nombre. Mais tout combat a un prix. Celui de deux des nôtres grâce auxquels nous avons pu les vaincre et continuer notre route. Nous ne pouvions pas leur rendre honneur ici… trop dangereux. Nous chargeâmes leur corps sur les chevaux, le cœur empli de peine et de haine. En vue du plateau des sources est, ces maudits gobelins ont allumé des feux un peu partout. Nous avancions à couvert des arbres sur les hauteurs en faisant le moins de bruit possible, car si l’alerte était donnée, je ne donnai pas cher de notre peau ….

Après une longue marche pénible et couteuse, nous arrivâmes en vue de notre destination, le temps pour nous de souffler, de prendre du repos et de boire en l’honneur de ceux qui étaient morts pour nous permettre de mener à bien notre mission. Mais rien n’était fini, car il fallait maintenant se mettre en route vers la place forte des Poings Bourrus pour faire le point sur leur nombre et voir qui étaient leurs alliés dans leur sombre destin.

Nous nous remîmes en route vers Gabilazan en reprenant la même route que celle qui nous avait fait passer par ce maudit plateau des sources est de la Bruinen. Notre passage de la veille n’avait pas dû rassurer les hommes du nord, car aucune patrouille ni embuscade ne fut à déplorer sur ce tour-ci. Nous avancions toujours avec prudence et rapidité, il nous fallut deux jours pour atteindre notre but, à cause de détours longs et pénibles. Une fois en vue de notre objectif, nous nous installâmes en hauteur pour prendre un repos spartiate. Nous remarquâmes le lendemain que la forteresse n’était pas si bien gardée que ça, nos renseignements étaient bons, le plus gros de leurs force était parti : il restait quelques gardes mais aucune grosse troupe. *Une chance ! pensa-t-on* car il nous fallait rentrer à l’intérieur pour regarder tout ça de plus près. Il nous faudrait être rapide et frapper fort. *J’aurais su, j’aurais fait demi-tour …. * car lourde fut l’erreur que nous allions faire.

Nous étions une quinzaine d’hommes, tous des guerriers accomplis. Forts de cela nous descendîmes vers notre objectif de nuit, les premiers gardes furent neutralisés avec une grande facilité, ils n’eurent pas le temps de dire quoi que ce soit et nous rentrâmes avec force dans Gabilazan. Les premiers mètres furent simples, c’était sans compter sur la suite … en fin de compte, en plus des gardes, nous fûmes surpris par leur alliés, et là ce ne fut pas la même chose, des géants !!! … des saloperies de géants et pas qu’un en plus ! Ils donnèrent l’alerte, et là, le début des ennuis commença pour nous. Un premier rocher tomba juste à quelques mètres de nous et les traitres de Poings Bourrus nous arrivèrent dessus, telle la foudre, des divers bâtiments que compte la place forte. Nous commencions à nous replier pour pouvoir atteindre le bivouac où les chevaux nous attendaient pour prendre la fuite, mais les géants compliquèrent tout … un second rocher tomba sur nous et fracassa quatre nains d’un bloc, là la situation devenait critique et je me suis dis que, cette fois ci, c’était la dernière fois que je combattais …. On ne pouvait courir que vers le point de repli et là, la chance nous sourit. Les arches, les arches des portes de Gabilazan étaient trop petites pour que les géants ne passent.

Il restait toujours le problème des traitres qui nous suivaient à la trace et il fallait s’en débarrasser pour pouvoir s’en sortir. Un rapide coup d’œil d’un des nains nous permit de voir qu’une partie de nos poursuivants était restée devant les portes de la place forte et que ces derniers n’étaient pas si nombreux qu’on ne l’aurait cru. Pour ne pas les conduire à nos montures et se faire tirer comme des lapins, nous fîmes face aux hauteurs. Le combat qui s’en suivit fut rude. Les coups partaient dans tous les sens, je reçus quelques mauvais coups, heureusement les armures lourdes naines font la différence face à nos ennemis très peu équipés sur ce point-là. Hélas, ce combat nous coûta encore une fois six des nôtres. Nous fûmes tous plus ou moins blessés, nous ne traînâmes pas. En somme, obligés de laisser les nôtres là, dans la neige, car au sein de la place forte, un cor résonnait, accompagné de cris guerriers qui se répercutèrent dans toute la vallée. Nous fûmes obligés de battre en retraite ! Nous, les fiers Nains !!! Mais là, c’était tout vu d’avance. Si nous restions combattre nous y passerions et notre mission, les informations récoltées, seraient un échec. Nous n’avions d’autre choix que de partir et de retourner au camp de Gloïn pour faire notre rapport. Il nous fallait nous hâter, nous chevauchâmes sans nous arrêter, prenant des chemins plus courts et par chance, sans encombre vu notre vitesse de progression.

Nous atteignîmes le camp, nous fîmes notre rapport et reçûmes des premiers soins pour panser nos blessures. Le cœur amer nous prîmes du temps pour rendre hommage à nos frères morts. D’un coté la mission était une réussite mais de l’autre, nous avions payé un lourd tribut pour ceci, douze nains morts, un impact plus que limité sur la force des Poings Bourrus. Par chance nous allions pouvoir adapter notre défense. C’est le cœur amer que je suis rentré dans notre beau palais, mais aussi le cœur empli de rage et réclamant vengeance. Un jour viendra où ces foutus traitres le paieront de leur vie. >>

Gograne referma son journal et le laissa sur la table du salon de la demeure du Covenant afin que tout le monde sache ce qui se passait loin dans l’est. Puis il partit se coucher.