Le bruit des sabots retentit sur les pavés d'Oncines. Une fois la torpeur du réveil forcé passée, Geliel réalisa soudain qu'un tel bruit n'était pas naturel dans le quartier d'habitude si calme. Elle se laissa donc glisser lentement hors de son lit, attrapa de quoi se vêtir, puis se frotta une dernière fois les yeux avant de sortir de sa maisonnette à la recherche du cavalier qui avait perturbé sa grasse matinée, pour lui expliquer en détails ce qu'elle en pensait.
Passé le seuil de son jardin, elle aperçut un cavalier qui prenait la direction de la place centrale en menant sa monture au pas. Qu'elle harangua vivement:
"Oh mon grand, tu fais quoi de si bon matin à trotter dans le quartier ?"
Le cavalier la regarda avec des yeux exorbités, comme pris de démence, mais aussi avec un certain soulagement.
"Mm.. madame ! C'est terrible ! L'est partie, et l'aut' l'a suivie !" bredouilla-il comme possédé.
"Oh, ralentis, tu m'as perdue en route. Qui est parti suivre qui ?"
"Dame Celairil ! Elle a mis les voiles. Elle m'a confié un pli scellé que je lui ai remis et il..."
"Qui 'il'?" l'arrêta net la jeune femme.
"Un grand blond qu'elle avait dit, son nom est Eoldbeorth qu'elle avait dit ! Il me payerait en échange du pli qu'elle avait dit !" commença a sangloter le cavalier.
"Merde, c'est quoi cette histoire encore ?" jura la rouquine. "Il est parti vers où ?"
"Il l'a suivie vers l'Auberge Abandonnée, mais..."
"C'est bon tu peux disposer."
"Mais et pour ma course ? Elle avait dit..." marmonna le messager.
"Que le grand blond te payerai ? J'ai l'air d'un grand blond ?" puis elle se détourna et pris le chemin du manoir.
En entrant dans la grande salle, Geliel aperçut le couffin du fils de Raeniel non loin d'une des cheminées, et elle vit sa nourrice venir à elle, le visage rouge de larmes.
Geliel tenta de la calmer doucement, par égards pour l'infant encore endormi, pour enfin tirer quelque-chose de sa nourrice. La breearde, après plusieurs minutes impliquant des sanglots incompréhensibles, finit par tout dire sur la disparition de Dame Celairil.
Alors Geliel alla se saisir d'un bout de papier et griffonna en hâte des indications qu'elle remit à Ermeline, puis rentra chez elle en courant, dévallant littéralement la colline. Quelques minutes plus tard, une nouvelle monture battait les pavés d'Oncines, portant une cavalière et tout son paquetage de voyage.
"Et je n'ai même pas eu le temps d'avaler quoi que ce soit pour le petit déjeuner..." pensa-elle.
En lisant le papier, Ermeline put y lire :
Aux membres du Covenant,
Ce matin, Dame Celairil serait partie sans mot dire laissant tout derrière elle, même son enfant. Eoldbeorth serait déjà sur sa piste en direction de l'Auberge Abandonnée. Je vais moi-même prendre cette direction à leur recherche.
Geliel Trembleterre.