[Rapport] Expédition au Forochel

A : Ser Daernael Blanchétoile
Intendant de la Compagnie de Bois Argenté

L’impératif qui nous a menés, Ser Raeniel Blanchétoile et moi-même, Lame Morwain, vers les terres septentrionales du Forochel, a eu trois objectifs. D’une part s’assurer la confiance du peuple Lossoth afin d’obtenir un droit de chasse sur leurs terres et le privilège de traiter avec leurs fournisseurs en peaux. D’autre part, d’étudier les marchés potentiels en réfléchissant sur les ressources pouvant être commercialisées. Enfin, de juger de la menace de l’Ennemi qui pèse sur ce vaste territoire par la présence manifeste d’Angmarim.



Après avoir traversé une partie des Hauts du Nord et de l’Evendim, nous atteignons notre première destination : Kauppa-kohta. Il est évident que le peuple Lossoth n’est guère favorable à notre apparition inopinée au sein de leur village. Pour la majorité d’entre eux, nous n’apportons que les graines du malheur et déversons misère et terreur sur leurs têtes. Malgré cette méfiance légitime pour deux étrangers tels que nous, nous leur faisons part de nos intentions pacifistes et, au terme de longs pourparlers et d’un soutien logistique en échange, nous pouvons poursuivre notre route au cœur de la toundra.



La même froideur accueille notre arrivée au village de Pynti-Peldot. Si leur chef, une femme de caractère nommée Ora, fait preuve de bon sens et d’une certaine forme de courtoisie à notre égard, il n’en est pas de même pour les hommes de sa tribu. Si nous voulons explorer ses terres en toute impunité, nous devons mériter ce privilège. Leur comportement hostile nous oblige à la même défiance, gardant ainsi le silence en leur présence tant que la parole ne nous est pas accordée… Je laisse donc Ser Raeniel Blanchétoile faire usage de toute la diplomatie dont il est capable, me contentant de rester sur mes gardes afin d’assurer sa protection dans les meilleures conditions. Nos efforts finissent par avoir raison de la retenue d’Ora et de ses Lossoth. Un secteur de chasse nous est concédé et nous obtenons le droit de poursuivre sur leur domaine jusqu’à la forteresse de Zigilgund, territoire des nains Longues Barbes, vassaux de la Halle de Thorin. Ces derniers font le commerce de sel.


Nos pas nous entraînent vers les lisières du Forochel, vers Sûry-kylä ou la Cité des Glaces comme la nomment les Lossoth. Cette vaste cité est la seule exception à ces campements nomades que nous avons traversés depuis Kauppa-kohta. Certains y résident en permanence et tous les clans s’y retrouvent pour un former une sorte de grand Conseil.

Au regard des informations récoltées, les Lossoth sont un peuple nomade de chasseurs-cueilleurs disséminé sur une vaste région balayée par des vents glacés et de fréquentes tempêtes de neige, à travers laquelle ils suivent le gros gibier dans ses migrations saisonnières. Ils n’ont pas de grandes richesses : ils utilisent la pierre comme matériau de chauffage, une certaine quantité de bois et de métal (principalement du cuivre). Les groupes les plus grands que nous avons pu rencontrer sont rassemblés par clans familiaux ou par bandes de chasseurs, installés en bivouacs en des points stratégiques de la toundra. Poissons, huile de baleine, défenses (gravures d’art), fourrures et peaux sont les principales ressources de leur commerce.

A : Anathor Neigemantel
Archiviste de la Bibliothèque

Ainsi que je l’ai expliqué dans un précédent rapport écrit à l’intention de maître Daernael Blanchétoile, l’impératif qui nous a menés, Ser Raeniel Blanchétoile et moi-même, Lame Morwain, vers les terres septentrionales du Forochel, a eu trois objectifs. D’une part s’assurer la confiance du peuple Lossoth afin d’obtenir un droit de chasse sur leurs terres et le privilège de traiter avec leurs fournisseurs en peaux. D’autre part, d’étudier les marchés potentiels en réfléchissant sur les ressources pouvant être commercialisées. Enfin, de juger de la menace de l’Ennemi qui pèse sur ce vaste territoire si l'on en croit certaines rumeurs.

Alors que notre mission de reconnaissance se poursuit, nos pas nous entraînent vers les lisières du Forochel, vers Sûry-kylä ou la Cité des Glaces comme la nomment les Lossoth.

L’audience que nous accordera le chef du Conseil de Sûry-kylä porte essentiellement sur les camps Angmarim qui se sont installés au sud-est de leur cité. Malgré le danger qui pèse sur les épaules des Lossoth, ces derniers jouent sur la neutralité, et nous sommes conscients, au fur et à mesure que ses paroles s’élèvent, que leur peuple est à la fois courtisé par les Angmarim et ceux qu’ils appellent de manière péjorative ‘hommes du sud’.



Au terme de cet entretien, nous partons de notre côté estimer ce péril. C’est à cette occasion que Ser Raeniel Blanchétoile pourra confirmer ses pires craintes, tandis que nous longeons discrètement les falaises qui bordent les différents cantonnements, les contournant par l’extérieur : des feux de camp éparpillés entre de hautes tentes aux dimensions gigantesques nous révèlent la présence d’un ost composé de ces terrifiants Angmarim. L’homme que nous surprenons et tuons à la faveur du crépuscule atteste de nos soupçons : l’Ennemi s’est implanté jusqu’en ces terres glacées. Profitant de notre manœuvre isolée, nous brûlons une tente et prenons la direction du sud pour brouiller les pistes.



Il est clair aujourd'hui que le Roi-Sorcier, lui aussi, s’intéresse de près au Forochel. A l’est de Jä-rannit, une route traverse une série de murailles et de portes érigées autrefois par des nains et occupées aujourd’hui par des soldats angmarim, qui gardent une longue passe oubliée menant vers l’Angmar. C’est cette passe que les agents de l’Ennemi empruntent pour envahir le Forochel à la recherche de trésors anciens et de nouvelles terres à conquérir dans le nord. De là, ils veulent fondre sur l’Evendim afin de mettre la main sur l’ensemble de l’ancien royaume dunadan d’Arthedain.

A ce jour, le Covenant, représenté par Ser Raeniel Blanchétoile tout au long de cette expédition, a su gagner la confiance de plusieurs clans, tels que Kauppa-kohta, Pynti-Peldot, Kuru-Leiri et même la grande Sûri-kylä. Peut-être même leur amitié ? Aucun des privilèges acquis chèrement n’est cependant acquis mais l’espoir de voir le peuple Lossoth se rallier à notre cause comme à celle des Peuples Libres, et non à celle de l’Ennemi, semble permis.

La caravane avançait lentement, au rythme pesant de la dizaine de lourds chariots que tiraient des attelages constitués chacun d'une paire de chevaux lourds et massifs, plus taillés pour la force et l'endurance que pour la vitesse et l'agilité. Nombre de commis et de marchands de la Compagnie de Bois Argenté, aisément identifiables à leurs vertes tenues, s'occupaient de conduire les chariots ou chevauchaient tranquillement à l'avant de ceux-ci, sous l'œil vigilant de vingt Lames.

Arborant fièrement leur noir tabard par-dessus leur haubert de mailles, les soldats du Covenant entouraient la caravane, ayant adopté la formation habituelle aux escortes pour mieux veiller sur leurs compagnons. Leurs amples capes noires flottaient au vent, claquant de concert avec les bannières accrochées au bout de leurs lances dressées vers le ciel. Un loup hurlant d'argent, surmontant deux lames entrecroisées sur champ de sable. Le même emblème frappait les écus que tous portaient au bras gauche. Chacun arborait en outre une lame au côté et de lourdes arbalètes étaient accrochées à leurs selles.

Si les négociants et voyageurs parcourant la route entre le pont de Brandevin et Bree étaient depuis quelques temps la proie régulière de brigands et de pillards établis dans les collines du Pays de Bree, la vue des Lames avait apparemment suffi à les dissuader de s'en prendre au convoi du Covenant.

A la tête de la caravane chevauchaient de concert Ser Daernael et Ser Raeniel. Si le premier avait revêtu la tenue de sinople qui seyait à sa fonction d'Intendant de la Compagnie de Bois Argenté, le second avait, quant à lui, opté pour une simple armure de cuir sombre, les épaules couvertes d'une longue cape terre de sienne. Quelque peu en retrait chevauchait son aide de camp, Morwain, dont la livrée était l'exacte réplique de celle de son Seigneur.

A ses côtés, le jeune capitaine chargé du commandement des Lames. Arborant le même tabard que ses frères d'armes, il était aisément identifiable à l'écarlate de son écharpe et de sa cape. Le rire clair et enjoué de la jeune femme fusa, suite à l'un des bons mots dont l'officier, originaire du Gondor, était si friand. Jugée morne et taciturne par bon nombre d'autres Lames à son arrivée au sein du Covenant, l'aide de camp semblait avoir retrouvé une certaine joie de vivre, qui n'était pour déplaire à ses anciens compagnons du Castel des Lames.

Désireux d'échapper à l'humeur quelque peu ombrageuse de son cousin, Daernael se joignit au couple derrière eux, laissant Raeniel à ses pensées pour profiter de la bonne humeur des deux jeunes gens.

Le Seigneur du Covenant se pencha quelque peu en avant sur sa selle pour venir flatter l'encolure de l'alezan avant de se redresser. Son regard pers observait la route devant eux où déjà à l'horizon se profilait la silhouette du pont de Brandevin.

Heure idéale à toute entreprise d'importance de par son symbolisme même, ils étaient partis de Lamenuir à l'aube. Bon nombre de membres du Covenant n'avaient pas manqué de venir saluer le corps expéditionnaire en partance pour le Forochel, car tous étaient conscients que cet au revoir pouvait fort bien se changer en un adieu. Pourtant Celairil, Dame du Covenant et Première épouse de Raeniel – seconde, si l'on tenait compte de son veuvage ? - avait brillé par son absence. L'homme poussa un long soupir. Il réalisait que, en dépit de sa vague surprise quant à cette absence, il n'était pas vraiment déçu. Contrarié, plutôt. Son devoir de Dame du Covenant n'aurait-il pas dû la pousser à venir apporter l'espoir aux hommes et aux femmes qui allaient risquer leur vie en le suivant jusqu'au cœur des terres gelées du Forochel, au nom d'une alliance dont elle aurait dû être l'un des emblèmes ?

Par les Valar... Pourquoi s'était-il donc montré aussi entêté que son ami Calanthir, et pourquoi avait-il refusé de l'écouter ?! Et dire que beaucoup louaient sa sagesse. Folie que tout cela. Enfin... Il serait toujours temps de s'occuper de sa jeune écervelée d'épouse à son retour. D'autant qu'elle semblait s'être récemment décidée à reprendre du poil de la bête. Simple caprice, ou fruit de leur dernière discussion... dispute ? Se décidait-elle enfin à mûrir ? Serait-ce un bien ou un mal pour le Covenant ? Sans doute aurait-il les réponses à toutes ses interrogations à son retour du Forochel... ? Quant à savoir si cela importait encore...

Le Forochel... Il brûlait de retrouver ses froides et inhospitalières terres enneigées. Mais il leur faudrait tout d'abord traverser la Comté, puis l'Evendim. Cela n'était pas sans impliquer de faire étape au camp principal de leurs alliés assurant la protection d'Annuminas. Ils y déchargeraient deux de leurs chariots. Des armes, principalement, forgées avec tout le talent des forgerons du Clan Pierracœur. Et en échange, juste de quoi remplir de pierre les chariots vides. Une denrée qui était loin de faire défaut aux gardiens de l'antique capitale.

A destination, ils retrouveraient sa cousine, Doyenne de la Maison Blanchétoile depuis la mort d'Etanhiael. C'est à elle que reviendrait la charge du comptoir de la Compagnie de Bois Argenté au sein des Terres gelées. Outre la diplomatie et surtout le négoce avec les Lossoth, deux relais de chasse seraient rattachés au futur comptoir. Peaux, cuirs, fourrures mais aussi ivoire et huile seraient collectés ou troqués avant d'être expédiés vers le Sud.

Quant à la garnison de vingt Lames, elle aurait pour mission de défendre les intérêts économiques du Covenant sur place, mais aussi et surtout, d'assister les Clans Lossoth avec lesquels Morwain et lui avaient commencé à tisser des liens d'amitié durant leur précédente expédition.

Le cri strident d'un faucon tira Raeniel de ses pensées. Levant les yeux, il se prit à observer les circonvolutions de son compagnon. Un sourire éclaira un bref instant ses traits, tandis qu'il constatait que les cercles accomplis par le rapace au-dessus de la caravane s'imbriquaient dans ceux du faucon de son cousin Daernael.

Il repensa au dernier rapport qu'il avait reçu des archéologues du Cercle des Murmures quant à leurs fouilles dans le Sud du Pays de Bree. Une découverte capitale pour le Covenant, mais aussi et surtout, pour la Maison Blanchétoile. Il s'en était longuement entretenu avec le Maire Tendremélèze, quelques jours à peine avant le départ de l'expédition. Peu enthousiaste de prime abord, l'homme avait fini par se ranger à son avis et à ses conseils. Il en coûterait au Covenant bien sûr, mais le prix n'avait guère d'importance en cette occurrence. Restait à s'occuper de tout cela. A son retour...

Par les Valar ! Puisse cette mission s'éterniser le plus longtemps possible...

A : Anathor Neigemantel
Archiviste de la Bibliothèque

Vous ne réfléchissez pas avant d'agir, stupides Sivullinen ? Vous osez venir dans notre camp sans vous annoncer ! Vous marchez sur nos terres en faisant plus de bruit qu'un troupeau de norsu, pour qu'il ne soit pas trop difficile de vous suivre !!?

Partez, Sivullinen, nous n’avons pas de temps à perdre avec les gens de votre espèce !



Hélas ! ce furent les seules paroles qui nous accueillirent, Ser Raeniel, Ser Daernael et moi-même, lors de notre retour au village de Pynti-peldot. Pourquoi Ora, leur chef, a-t-elle changé d’avis ? Est-il possible que les promesses d’alliance, que leur confiance, acquises à la sueur de notre front, obtenues par la force de nos lames contre un Ennemi commun, soient oubliées, ne soient plus qu’un vague souvenir emporté par les vents furieux de la toundra ? Que s’est-il passé depuis notre dernière expédition ?

Après des semaines d’un rude voyage, la fatigue et la faim nous tenaillant, cet accueil inattendu nous fait l’effet d’une douche glacée. Pourtant, le caractère opiniâtre de Ser Daernael allié à la volonté sereine de Ser Raeniel, ne nous empêche pas de poursuivre notre tentative de négoce avec le peuple Lossoth. Pour notre Intendant, la possession d’un comptoir en Forochel est un atout inestimable : outre le négoce en cuirs et peaux précieuses, cet ‘avant-poste’ nous permettrait de surveiller les allées et venues des Angmarim, une opportunité nullement à négliger et qui servirait l’effort de guerre abordé lors du Second Conseil. De pourparlers interminables, emplis d’une tension palpable, en épreuves insensées, nous exécutons les diverses volontés des clans. Afin de récupérer la concession de chasse, nous sommes mis à l’épreuve, soumis à une sorte de compétition. La chasse, pour les Lossothrim, est une affaire sérieuse. Elle requiert patience, discrétion, silence, intelligence et un grand sens de l’organisation. Avec leur humour aussi rude que la bise des steppes, les hommes du clan exigent que nous leur prouvions que nos pas sont aussi discrets que notre bouche est bruyante… ainsi ne serons-nous pas totalement inutiles et pourrons-nous deviser derechef.


La mission est dévoilée : au nord-ouest de Pynti-peldot évoluent des troupeaux d’härkäs, sorte d’oliphants à poils laineux que chassent les Lossoth. Les Gauradans, des hommes-loups à la stature gigantesque, et un ennemi redoutable, rôdent depuis plusieurs semaines sur leurs terres pour essayer de capturer leurs härkäs. Ils se moquent éperdument des blessures que leurs pièges peuvent infliger à ces bêtes avant qu’elles soient achevées. Nous devons donc trouver ces pièges et les désarmer. Cependant, les härkäs peuvent parfois se montrer nerveux. Si nous avons le malheur d’en blesser un, le troupeau entier risque l’affolement et la fuite… autant éviter un incident fâcheux, si nous ne voulons pas que les Lossoth fassent des cordes d’arc avec nos boyaux…



Nous partons, entourés d’une maigre poignée de pisteurs Lossoth. Un voyage de plusieurs heures nous mène sur le territoire des härkäs. Malgré une confrontation avec une patrouille de Gauradans isolée du reste de la tribu parquée sur les hauteurs, les pièges, les uns après les autres, sont détruits. Un succès qui nous ragaillardit, malgré la défiance relative des chasseurs qui nous entourent, tandis que nous empruntons le chemin du village. Mon état de femme ne me permet pas d’assister à l’ultime Conseil. Cependant, l’attitude assurée de Ser Daernael lorsqu’il émerge des tentes enfumées atteste de la réussite de notre projet : notre concession de chasse nous est restituée et les tractations pour l’ouverture d’un comptoir de la Compagnie de Bois argenté au village de Pynti-peldot sont en bonne voie même si Ora, leur chef, affiche une mine frileuse. Les Lossoth tiendront-ils parole ou changeront-ils d’avis au moindre souffle incertain du vent ?

Quoi qu’il en soit, le Covenant sera amené à traiter, à court terme, avec les Lossoth et devra envoyer, à tour de rôle, des membres de la Compagnie afin d’assurer la pérennité de ce futur comptoir, à la fois porte ouverte sur le négoce entre Lossoth et Longues Barbes, et avant-poste de surveillance tourné vers les Angmarim.

Ô combien déconcertante était la célérité avec laquelle ces dernières semaines s'étaient écoulées. Déjà approchait à grands pas l'heure de rentrer à Bree. Trop tôt. Beaucoup trop tôt. Raeniel poussa un long soupir. Au contraire de la première expédition dans le Forochel, celle-ci s'était révélée peu opportune à l'introspection. Lui qui espérait trouver quelques instants de paix en allant chasser ou, au pire, en partant en éclaireur constater de ses propres yeux si les positions des Angmarim s'étaient renforcées. Mais il n'en avait guère eu le temps.

Daernael et Sionedh s'étaient évertués à l'accaparer sans cesse. Ses rares moments de liberté, il les avait consacrés à former sa disciple dans l'art des plantes, ainsi qu'il le lui avait promis. Morwain s'était rapidement avérée une élève douée et studieuse. Sa soif de savoir était un plaisir à voir, et s'avérait d'autant plus bienvenue qu'elle avait énormément à apprendre. Peut être un jour pourrait-il même lui apprendre l'art secret des Blanchétoile... Peut-être...

Son regard se porta sur les membres de l'expédition, qui travaillaient d'arrache-pied à la construction du comptoir. Lames et agents de la Compagnie de Bois Argenté avaient tous troqué les tenues propres à leurs factions au profit de la livrée de la Compagnie des Glaces, fondée pour l'occasion. Au noir et au vert s'était donc substitué le blanc, et les hauberts de mailles avaient fait place aux armures Lossoth, beaucoup plus adaptées au froid.

Certains artisans locaux avaient même accepté de transmettre une partie de leur savoir-faire à certains des artisans de la Nouvelle Compagnie, preuve s'il en fallait du renforcement des liens d'amitié tissés avec le Covenant...

Raeniel esquissa un sourire. En dépit de sa déception, force était d'avouer que l'expédition était un franc succès. Demain, il prendrait la route vers Bree, avec pour seule compagnie Daernael et Morwain, misant sur la discrétion et la rapidité. Tant de choses l'attendaient à son retour... D'aucunes seraient sans doute plaisantes, mais si peu en comparaison du nombre de problèmes qu'il avait différés à son départ.

Par les Valar, pourquoi était-il déjà temps de rentrer ?