[Candidature] Cirthwen - [Validée]

Mellon,

Sans doute serez-vous surpris de recevoir de moi cette présente missive. Hélas pour moi qui devais avoir rejoint les Havres Gris depuis bien longtemps, les les blancs rivages de Valinor me semblent bien lointains.

Certes, je suivis de mon plein gré mon intrépide époux dans sa folle aventure. Bien entendu, je partage avec lui le désir d'un monde meilleur et d'une paix universelle, mais que de sacrifices! Imaginez-moi, Cirthwen Gwanodiel Istuinû, bibliothécaire à la Dernière Maison Simple, courir les chemins au point que mes chaussures sont usées jusqu'à la corde, tombant dans les embuscades des orcs, n'ayant que ma cape pour seule couverture lors des bivouacs... Si la vue de la beauté du ciel étoilé amoindrit ma peine, je ne cesse de penser à la tranquillité d'une bibliothèque, à mes amis que j'ai laissé derrière moi et à un bon lit moelleux, bien plus doux que la couche de cailloux qui me tient lieu de paillasse.

Mes écrits semblent peut-être amers, mais hélas! Une Dame de mon âge ne devrait pas courir ainsi les sentiers. A chaque fois que j'évoque ce sujet avec mon époux, celui-ci sourit d'une façon énigmatique et prétend que cela me fait du bien. Du bien? Pour un jeune Elfe intrépide avide de prouver sa valeur, certainement. Mais pour moi?

Je dois reconnaître, à son corps défendant, que ces pérégrination m'ont permis de découvrir mille choses dont je n'avais la connaissance qu'à travers les parchemins. Il est une chose de dérouler un parchemin de géographie, une autre de découvrir de visu le pays des Hobbits qui nichent dans des trous à flanc de colline ou encore les ruines d'Amon Sûl. C'est dans la ville humaine de Bree que nous avons retrouvé Turmanilde Hyandononë Finlaurëa, la cousine de mon époux. Cette jeune fille décida un jour de fausser compagnie au convoi qu'elle escortait jusqu'aux Havres pour découvrir le monde. Il serait péremptoire de penser qu'elle persuada mon époux de la suivre; néanmoins je sais que le désir d'Elendilme de découvrir le vaste monde n'est point étranger aux récits des aventures de sa cousine. J'espère que nos enfants n'ont point hérité de ce trait de famille en préférant la sagesse à l'audace.

Toutes les aventures de la jeune fille excitent la curiosité de mon époux. Aussi il l'imite assez souvent. Leur dernière tocade est d'avoir rejoint un cercle qui porte le nom de Covenant. De ce que j'en sais, cette organisation regroupe des artisans, des érudits et des combattants de tous horizons. Il est évident que je n'allais point laisser deux membres intrépides de ma famille seuls dans ce cercle. En tant que garde-fou(s), je décidais de rencontrer quelques membres du Covenant afin de jauger leur valeur et leurs intentions.

Ma présence fut en effet plus que nécessaire: nous rejoignîmes deux combattants, l'une humaine, l'autre nain qui porte le titre de Commandeur. Fort gaiement, celui-ci me fit quelques compliments à ma grande stupéfaction. Par prudence et par politesse, je répondis de manière courtoise sans pour autant verser dans l'effusion. Ensuite, nous fumes conduits jusqu'aux portes de Sarnur. Je passais la plus grande partie de cette aventure rocambolesque à soigner Elendilme par ma magie, car les flèches qu'il recevait étaient fort acérées. Un archer visa juste au-dessus de ma hanche et je perdis conscience quelques instants avant de me réveiller et de continuer à me soigner ainsi que mes compagnons. Jugez mon infortune lorsque nous sortîmes de ce repaire de Nains Bourrus: j'étais épuisée et ma tunique de voyage déchirée et ensanglantée. Mon époux, quant à lui, semblait très fier d'avoir abattu quelques ennemis et n'eut pas un mot de réconfort pour ma blessure. Le nain m'adressa des mots élogieux quant à ma performance que je jugeais moyenne. Il était tellement transporté par l'issue du combat qu'il me proposa gracieusement d'entrer dans le cercle avec en prime son patronage. Cela me laissa sans voix et je priais qu'aucun Elfe ne rapportât ces paroles. Je mourrais de honte sur l'instant si je devais reconnaître un jour l'essë d' "Amie des Nains". Je compte donc sur votre discrétion afin de ne point ébruiter cette affaire embarrassante.

J'espère avoir la joie de vous rencontrer bientôt à Imladris puisque mes pas me ramènent parfois chez mes proches ou à la Guilde des Érudits; je pourrai alors vous conter de vive voix les errements de ma vie.

Meneg suilaid.